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Forces Spéciales au Vietnam
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MISSION


USMC prépare son sac en y fixant dessus un lance-roquette LAW

PREPARATION DE LA MISSION

Le chef de groupe définit un point d'intraction et d'extraction.
Parfois il passe avec son adjoint le jour avant en hélicoptère pour repérer un point d'infiltration et d'exfiltration. Vu la densité de végétation et le peu de clairières, l'idéal étant des cratères de bombes laissés par l'aviation. Il ne passe pas directement au-dessus de la zone mais à côté pour avoir une vue d'ensemble et ne pas attirer l'attention.

Il prend en compte la durée de vol, l'arrivée du soutien en dépendra.

Il prévoit l'altitude et le poids en fonction des capacités de l'appareil, pour l'intraction et pour l'extraction (un prisonnier ennemi ou un ami libéré ont leur poids).

Il définit le nombre de gourdes à emporter en fonction de la saison. Privilégie les points d'eau sur place avec tablettes de purification pour emporter moins de poids. Il choisit les points d'eau sur la carte.

Puis comme tous les autres membres du groupe il met la carte dans un conteneur étanche, avec un stylo et un bloc note pour prendre des notes pendant la mission.

Ensuite vient le briefing du groupe pendant lequel le chef de groupe précise : Ensuite les membres se préparent. Matériel, armement, camouflage.

Puis le chef de groupe passe en revue le matériel de chaque membre, en particulier les radios et les lampes stroboscopiques. Il vérifie les poches des membres: pas de carte d'identité, carte de mess, ni de briquets avec insignes, ni de bagues avec insignes, ils ne doivent porter que leurs plaques d'identité.

L'équipe teste ses armes, puis part pour l'infiltration. Celui qui fermera la marche sur le terrain monte le premier dans l'hélicoptère! Le chef de groupe se place entre le pilote et le co-pilote, détermine la direction d'approche de la LZ.


équipe pose pour la photo devant l'hélicoptère juste avant de partir en mission

INTRACTION

Infiltration en bateau (1:45), en parachute, mais surtout en hélicoptère.

L'infiltration et l'extraction sont extrêmement dangereuses car le bruit de l'hélicoptère est très puissant, il attire tout ennemi se trouvant dans les parages.

Parfois les hélicoptères rusent en simulant un désembarquement de LRRPs pour attirer l'ennemi à un endroit où ils ne sont pas. Ou alors une forte concentration en hélicoptères est idéale pour débarquer sans attirer l'attention.

D'ailleurs les pilotes d'hélicoptère sont également des pros car ils exécutent des actions que le pilote moyen ne maîtrise pas comme maintenir l'hélicoptère en stationnaire pendant que les soldats désembarquent en se laissant glisser le long d'une corde, ou encore le long d'une échelle. Rappelons aussi que l'extraction se fait souvent sous le feu ennemi.

Certaines unités du SOG conseillent de garder un chargeur de balles traçantes pour l'infiltration, et un autre pour l'exfiltration : en cas de prise à partie les balles traçantes seront prises en compte par le soutien aérien pour identifier les positions amies et ennemies.
Aussi les trois derniers coups de chaque chargeur sont des traçantes : elles indiquent au tireur que c'est la fin du chargeur.

Parfois l'hélicoptère ne se pose même pas, les soldats en sortent en courant pendant qu'il vole encore. Ils se ruent dans la foret, puis le bruit de l'hélicoptère disparait et le calme revient, le stress redescend.
Pourtant à partir du moment où ils mettent un pied sur terre, ils sont chassés [3:25]


progression LRRP

PROGRESSION

Progression dans la jungle avec 45 Kg de matériel.
De préférence la nuit et le matin.
Jamais à découvert ni sur les chemins ou sentiers. Ne jamais rester à moins de 200 mètres des chemins, car c'est là que passent les patrouilles ennemies et elles ne cherchent pas au-delà de 200 mètres lorsqu'elles ont pour but de sécuriser une voie. Les camions roulent surtout de nuit, là on peut s'en approcher.
Bref la progression se fait au mileu de serpents, araignées et autres fauves.
Avec ce climat, la moindre blessure s'infecte.

Distance parcourue : un kilomètre par jour, parfois moins. Il faut avancer très doucement pour ne pas faire de bruit. Marcher 20 minutes, s'arreter 10 minutes pour écouter. Constamment à la recherche de traces de pas, odeurs, bruits, pièges à con, tunnels, bunkers.

Toujours boire d'abord l'eau qui est dans le sac, pour ne pas être à court d'eau si jamais il fallait se séparer du sac.

Interdiction de prendre des photos des membres pendant la patrouille. Si l'ennemi venait à capturer l'appareil photo, il obtiendrait de précieux renseignements.

Un vétéran dit qu'ils prenaient des cigarettes, c'est interdit mais ils fumaient pendant les arrets courts et pas pendant les arrets longs, pour ne pas révéler leur position.

Surtout ne jamais casser de branches ou de feuilles, l'ennemi pourrait s'en apercevoir et suivre la piste: le chasseur deviendrait chassé.
Il faut changer de direction régulièrement pour éviter d'être suivi.

Un ou deux hommes -selon la taille du groupe- reste un peu en arrière pour couvrir les arrières, cacher les traces de passage, créer de fausses pistes.


Mike force boussole carte

DISCRETION

Le silence est leur meilleur allié, il implique la maîtrise du langage des signes.

Communications radio réduites au minimum (trois transmissions par jour), et souvent en appuyant sur un bouton plutôt qu'en parlant.

L'écoute est essentielle : un bruit métallique décèle à coup sûr un homme car il n'y a pas de son métallique dans la nature. Un bruit de sangle contre une AK47, une gourde qui tape contre la crosse d'un fusil et on est sûr qu'il y a quelqu'un.

Pas de luxe en opération: interdiction de fumer, de se mettre du parfum, de faire du café -car l'odeur est trop forte- interdiction de se raser et de toute façon, le matériel de rasage représente du poids en plus donc autant moins de munitions avec soi. La seule chose à prendre est une brosse à dent, rien d'autre.

Pas de sangle standard, trop bruyante. Une simple corde suffit. Tout est scotché ou sanglé avec des élastiques.

Ils vont même jusqu'à asperger de répulsif anti-insecte le contenu des rations C et des boites de conserve vides avant de les enterrer, pour éviter que la faune de la jungle ne les déterre.

On leur demande d'éviter le contact mais de privilégier l'observation car ils ne sont que six, puissance de feu réduite et aucun soutien, isolés. Sinon une fois détéctés par l'ennemi la mission pourrait se transformer en chasse à l'homme avec extraction impossible, voire perte de l'hélicoptère et du groupe dans sa totalité. Il faut s'adapter à chaque mission, ce qui marche certaines fois peut tourner au cauchemard la fois d'après.

Il faut tousser dans son chapeau, de préférence lorsqu'un avion passe pour ne pas se faire repérer.

L'ennemi peut passer à quelques mètres sans les voir. S'il est seul on tente de le capturer, il est tellement surpris que la fraction de seconde de stupéfaction est suffisante pour le maîtriser.

La patrouille se fait dans une discretion maximale. Si elle est compromise, elle adopte la technique du "hit and run" : tirer et disparaitre. A ce stade l'équipe n'a que 25 minutes pour recevoir des hélicoptères de soutien et de transport. Voire plusieurs heures pour les opérations au Laos ou au Cambodge.

TOUJOURS être sur ses gardes. Ne pas avoir vu l'ennemi pendant 3 ou 4 jours ne signifie pas qu'il n'est pas là.


LRRP en observation

OBTENIR DES RENSEIGNEMENTS

Le plus souvent ils sont en mission de reconnaissance.

L'objectif de la patrouille est souvent d'obtenir des renseignement pour les transmettre au commandement.

Les vétérans parlent du jeu du chat et de la souris. Etre constamment à la recherche de traces de pas, odeurs, bruits, pièges à con, tunnels, bunkers, lignes téléphoniques ...

Combien d'ennemis, vietcong ou NVA, quelles armes, dans quelle direction ils vont, quel âge ils ont, quel est leur moral?

Observer l'ennemi sans être détecté est source de grande satisfactions pour ces troupes d'élite.

S'ils entendaient quelqu'un parler, il fallait s'en approcher pour écouter ce qu'ils disaient, le traducteur prenant des notes. Voilà une bonne raison de former des équipes mixtes composées de sud-vietnamiens et deux ou trois américains, qui justifie l'organisation du SOG.

La prise de prisonniers était essentielle. La fouille des cadavres aussi, pour récupérer tout document. Il était plus intéressant de fouiller ses poches et son sac que de prendre son arme.






LRRP à l'arret

ARRET

Ne jamais prendre d'habitude comme par exemple poser le camp à 18h30, ou repartir à 1h00. Si l'ennemi observe, il en prendra note et tendra une embuscade à ce moment là.

Arret court
Dès que la patrouille s'arrète, elle adopte automatiquement une défense à 360° et vérifie le périmètre sur 40/60 mètres.

Chaque membre doit avoir une carte, prendre des notes (pour les comparer plus tard), savoir à tout moment les points de ralliements, les LZ (Landing Zone). Il doit constamment observer les membres qui sont devant et derrière lui, et communiquer par gestes. Une tape sur l'épaule suffit pour prévenir d'un danger. Un simple regard peut en dire long.

Il faut régulièrement vérifier toutes les grenades, s'assurer que les détonateurs ne se dévissent pas.

Il faut mettre du répulsif anti-insectes sur les chaussures, et à tout endroit que les insectes et sangsues utiliseraient pour rentrer sous les vêtements.

Ne pas uriner sur les rochers ou les feuilles, mais dans un trou ou une petite crevasse. Celà ne se verra pas et laissera moins d'odeur.

Arret long
Ne pas envoyer de message radio depuis la position : l'ennemi écoute et peut intercepter l'émission, puis trouver la position par triangulation.

Pour un arret long, le sac peut être enlevé après avoir vérifié le périmètre, pas avant. Normalement le sac ne devrait pas être posé avant la nuit.

Placer le point man dans la direction opposée d'ou l'ennemi serait succeptible de surgir, pour guider le groupe en cas d'urgence.

Avant la nuit
Avant l'obscurité, chaque membre doit mémoriser l'azimuth et la distance des arbres et buissons autour du périmètre.

Le chef de groupe doit rappeler à chaque membre les points de ralliement primaire et secondaire. La moitié de l'équipe doit avoir sa boussole axée sur le point de ralliement primaire, et l'autre moitié sur le point de ralliement secondaire. Si l'ennemi arrive depuis la direction du point de ralliement primaire, le chef d'équipe avec la boussole axée sur le point secondaire mènera le groupe tout entier.

Le chef de groupe doit définir les binômes : si l'un est touché, l'autre s'occupe de lui et de son matériel.

Le chef de groupe doit aussi indiquer aux membres le plan du lendemain.

Comme chaque membre peut rapidement devenir chef de groupe, il sait déjà tout ça.

Il faut placer les mines, une à la fois et par deux hommes seulement : l'un la pose pendant que l'autre monte la garde. Toujours poser la mine à portée de vue. Ne jamais la poser avec le câble menant directement au groupe : la zone dangereuse doit longer le groupe, pas partir dans une direction opposée. Si l'ennemi en retourne une, elles ne mettront pas en péril le groupe.

Il faut nettoyer son arme chaque jour.

Pour rendre compte de sa position, se déplacer de 100 ou 200 mètres avant d'envoyer le message radio. Donner sa vraie position mais préciser que le bivouac est à 100 ou 200 mètres au nord, pour mettre de la confusion chez l'ennemi qui écouterait sans lui révéler la position exacte. Encore mieux ce message peut être envoyé le matin en quittant la position, sécurité maximale.

Accessoirement il faut manger (deux par deux) et dormir, puis assurer la garde. Mais ne jamais enlever les chaussures ou le brelage. S'il faut changer de veste pour dormir, deux membres le font en même temps, pas plus. Pareil pour les chaussettes, et ne jamais enlever les deux chaussures à la fois.

LRRP à l'arret La nuit
4 hommes dorment pendant que deux autres assurent la garde.

Les binômes ne doivent pas dormir l'un près de l'autre pour éviter que la même grenade ou la même rafale ne les touche tous les deux. Ils doivent quand même être capables de se toucher sans changer de position.

Ne jamais enlever le brelage; possibilité de le déserrer pas plus.

Si une personne parle ou tousse pendant son sommeil, la faire dormir avec un chiffon dans la bouche.

En cas d'attaque de nuit, certains préféraient les grenades CS aux claymores.

Le matin
Tous les membres doivent être éveillés, en alerte, et prêts à bouger avant le premier rayon de soleil.

Le matin il faut changer en silence la cartouche qui est dans la chambre car la condensation peut provoquer un disfonctionnement.

le chef de groupe doit s'assurer que chaque membre a pris sa tablette journalière contre la malaria.

Il faut checker à nouveau le périmètre à 360° sur 40/60 mètres avant le mouvement.

Il faut vérifier que le bivouac est vide de toute trace et stérile.

Faire très attention en quittant sa position. Si l'ennemi a repéré le groupe, il sera attaqué dans les 300 premiers mètres.

Techniques pour se sortir d'un encerclement


EXFILTRATION

Lorsque la mission est accomplie et/ou que le groupe a été repéré (mission compromise), il faut s'extraire sans plus attendre.

Si l'extraction ne se fait pas au point prédéfini, la végétation est si dense que les soldats au sol lancent un fumigène pour que l'hélicoptère les repère.
Le pilote doit identifier la couleur du fumigène et la transmettre par radio à l'équipe au sol, pour être certain que le bon hélicoptère vient prendre la bonne équipe. Comme dit dans ce témoignage, lorsque le pilote demande à l'équipe au sol d'envoyer un fumigène, il voit deux fumigènes! Preuve que l'ennemi écoute aussi la radio!

Si l'hélicoptère n'a toujours pas repéré le groupe au sol, ces derniers envoient une fusée, des pen guns, et des balles traçantes en dernier recours.
La nuit: lumière stroboscopique et grenades WP. Placer une lampe dans un tube de M79 et le pointer vers l'appareil diminue la signature lumineuse vis à vis de l'ennemi qui voit aussi.

Le pilote peut être guidé par radio "on est à vos deux heures". Midi étant le nez de l'appareil.

Le chef de groupe est le dernier à monter et donne le signal au pilote: UP!

Lors de l'exfiltration on leur interdit de tirer depuis l'hélicoptère, car ils pourraient toucher un autre hélicoptère qui passe en dessous sans qu'ils ne l'aient vu arriver.

extraction en hélicoptère
Si l'hélicoptère ne peut pas se poser, l'exfiltration se fait au bout d'un câble accroché à l'hélicoptère, 6 hommes pour un Bell UH-1 et 10 pour un Sikorsky CH-53. A cet effet les harnais McGuire ou STABO remplacent certains brelages.

Et si la hauteur est trop importante pour une corde, ils sortent l'échelle.

extraction au bout d'une échelle d'un hélicoptère

RETOUR A LA BASE

Contrairement aux forces conventionnelles, quand les forces spéciales sont au repos, elles sont vraiment au repos. Pas de corvées stupides, et une liberté totale garantie par leur carte qui leur permet de porter une arme personnelle et leur évite la prison.









Témoignage d'un veteran